13 Mai. L’expression « La goutte d’eau qui fait déborder le vase »
Voici encore une expression toute faite. Elle l’est en ce sens qu’elle se suffit à elle-même et qu’elle est une phrase complète. Et c’est aussi une formule que l’on entend très souvent. On se propose de l’examiner dans cette petite présentation.
Un point sur l »orthographe
D’abord, une mise au point orthographique. Même si ce nom s’écrit exactement de la même manière que le substantif qui désigne cette maladie que vous connaissez très bien, celle-ci n’est pas l’objet de notre expression. On parle effectivement de goutte d’eau, et pas d’autre chose. La locution s’utilise pour indiquer un incident qui vient s’ajouter au reste et qui crée une situation intolérable, difficile à vivre.
Origine de la locution « la goutte d’eau qui fait déborder le vase »
On comprend bien à travers cette locution la référence à une coupe pleine et qui engendre une situation désagréable si on y ajoute une autre quantité, même insignifiante, du liquide qu’elle contient. Dans sa forme actuelle, l’expression se rencontre pour la première fois sous la plume de l’auteur du Rouge et le Noir. Mais avant Stendhal, la patronne du genre épistolaire au XVIIe siècle utilisait déjà la locution. En revanche, au lieu de vase, Madame de Sévigné parlait de verre. C’est la formule d’Henri Beyle qui s’est imposée dans l’usage.
Un exemple
On retrouve dans le roman Tête contre les murs d’Hervé Bazin un emploi bien ironique de notre expression. Appréciez plutôt par vous-même : « Chaque journée tombait comme une goutte d’eau. Chaque goutte semblait prête à faire déborder le vase. Mais le vase grandissait en même temps que son contenu. C’était maintenant une jarre immense, une de ces jarres que les nègres du Tchad emploient pour enterrer leurs morts. »
Comme on le voit, les gouttes d’eau n’ont jamais réussi à faire déborder le vase !